Connaissez-vous le métier de caissier ? Dire bonjour ? Passer des courses ? Annoncer la somme ? Sélectionner un mode de paiement ? Donner un ticket ? Dire au revoir ? Pas du tout. Le caissier est votre pire cauchemar : il analyse tout de vous ; il observe votre comportement, regarde vos courses, aperçoit votre part d'ombre, scrute l'individu que vous êtes dans un ensemble, celui du genre humain qu'il voit défiler toute la journée.

Je me présente. Benjamin, 27 ans, étudiant, bac +5, et toujours caissier dans la grande distribution depuis maintenant 2 ans et demi. Depuis juillet 2012, je partage mes remarques sur le comportement des clients en caisse. Aujourd'hui, La Caisse ou Les Caissiers de ce siècle revient avec toujours plus de remarques, de contenus enrichis, et des nouvelles illustrations : des listes de courses abandonnées.

Le magasin ouvre ses portes. Le personnel vous souhaite une agréable journée. Bienvenue dans la version 3.0 de La Caisse ou les Caissiers de ce siècle.

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Ticket service

- Mes œufs sont cassés, dit une femme en parlant à son mari, le regard gêné, attendant que le caissier lui dise d'aller en rechercher.
- Allez rechercher une autre boîte, Madame. Ce n'est pas grave.
Arrive le moment de payer. La dame tend les chèques service pour la somme de 100 euro.
- Vous m'excuserez, je vais demander si nous prenons ces tickets.

- Bien sûr que oui ! Ça fait vingt ans qu'on paie comme ça.

- Oui, mais je préfère demander parce que je me suis trompé le mois dernier et j'ai perdu une grosse somme.
Le caissier hâte le pas et revient après confirmation de sa chef de caisse.
- Donc c'est bon, je peux tout prendre.

- Bah évidemment !

- Vous m'excuserez. Comme je vous ai dit, je préfère vérifier maintenant.

- C'est quand même incroyable ! Ça fait des années qu'on fait nos courses ici et voilà comment on nous reçoit !

- Et alors ? Vous avez vu comment vous nous parlez vous ? Je vous explique que j’avais un doute et étant donné le souci que j’ai eu en juillet, je préfère demander. Je vois pas où est le problème.

- Le problème, c'est que vous ne nous faites pas confiance !

- Ah ! alors attendez. De une, les clients sont toujours en train de dire que la grande distribution sont des charlatans, et on doit se taire, en revanche quand le magasin doute d'un unique client, là ça devient une affaire d'état ! Je ne vous fais pas plus confiance que vous ne faites confiance au magasin.  

- Mais tu te rends compte de ce qu'il dit ?! [femme à son mari]
- Calme-toi va. Ça sert à rien de faire des histoires comme ça. [mari à sa femme]
- Ton frère a travaillé ici pendant des années, et t'as vu comment on nous parle ?
- C'est pas parce que vous connaissez le magasin et son personnel que ça va changer quoi que ce soit. Et puis d'ailleurs, ça ne fait qu'un an et demi que je travaille ici, je ne vous connais pas et je ne suis pas encore tout à fait au point avec toutes les sortes de paiement, vous m'excuserez.
- C'est incroyable ça. On nous traite comme des manouches !
- Ah parce que en plus madame est raciste ?
- Je vais aller faire un courrier, Monsieur.

- Eh bien allez-y ! Vous pouvez même directement aller voir les responsables en magasin : la chef de caisse à l'accueil, et le patron dans son bureau. Aucun souci ! Il manque 15 euro.
[Les clients s'en vont; la cliente suivante me salue]
- Vous savez, ce qu'elle a oublié de dire, c'est qu'elle a fait tomber une bouteille de vin qui s'est brisée au sol. Elle ne l'a même pas signalé.

- Ah, en plus !


Benjamin, caissier

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